Crivaine - Tumblr Posts
Ton reflet dans les douces vagues scintille, teinté par la couleur de l’horizon froissé. Une lettre violacée se repose sur le ventre bombé, montant, descendant, de l’océan somnolant. Tu la suis des yeux, te demandant quand est-ce l’océan l’avalera, quand est-ce les mots fondront dans la marée. Tu te dis que peut-être la douleur partira elle aussi. Tu regardes de loin la mer tourmentée, les vagues se cassant sur l’horizon, un mirage lointain, et tu tiens une photo, couverte par la peinture jaune du temps, dans ta main droite. Le vent enlace ses bras frais autour de toi. Tu as voulu garder tes chaussures même si l’eau vient jusqu’à tes genoux, ton pantalon colle à tes mollets. Tu ne sens plus rien ; tes lunettes, dont les branches te serrent un peu trop aujourd’hui, retiennent tes larmes. Tu jettes un coup d’œil vers la photo ; il est là, assis, fumant une cigarette entouré par des cyprès inclinés. Il finit un vers d’occasion qu’il t’offrira plus tard. « Je trouve que c’est dommage qu’ils aient déterré l’abricotier quand ils ont construit la résidence, il te dit. - Mais sans la résidence, tu n’aurais jamais rencontré Agathe - Ah, mais le bonheur ne serait pas le bonheur s’il n’était pas accompagné d’une pointe de tristesse. » Il tenait beaucoup à ses aphorismes. L’odeur marin légèrement salée, légèrement amer, te réveille. Tout à coup, tu te laisses tomber en arrière dans l’eau et la photographie s’échappe de tes mains. Les étoiles commencent à s’allumer; il était grand temps.
l’ombre mouillée d’un voyageur, une impression | © Margaux Emmanuel