9 Aot - Tumblr Posts
Le camion a gagné
Défi 30 jours pour écrire, sujet : l’orange/Game over
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Je suis passé à l’orange. Je n’aurais pas dû.
Vous comprenez, j’étais pressé. Et comme on dit, orange pressée… Hum. J’étais sûr de tenir quelque chose là, mais ça m’échappe.
Bref. J’étais plus que pressé, en fait, j’étais en retard. Et j’étais mort si j’arrivais en retard. Du coup, qu’est-ce qu’on fait quand on part en retard et qu’on veut être à l’heure sur la ligne d’arrivée ? On accélère. On prend des risques. On passe à l’orange. Tout ça.
Peut-être que mon orange était un peu mûre. Sanguine, même.
Ha. Un bon jeu de mot, ça. Orange sanguine.
Parce que c’était un orange un peu rouge, il faut bien l’avouer. Et que là, si on regarde le résultat. Ben. Du sang… il y en a.
Et pas qu’un peu.
Bon. Cette blague était peut-être un peu de mauvais goût. Too soon, comme disent les anglophones.
Désolé.
C’est mon truc, l’humour. C’est pas que je sois bon. Mais ça ne m’empêche pas. Surtout quand je suis stressé, en fait. Je masque avec l’humour.
Mais ce n’est peut-être pas le moment.
Vous êtes venu me chercher, n’est-ce pas ?
Je veux dire… ça ne sert à rien que je reste autour de l’accident, non ? Je ne vais pas hanter ce carrefour. Mais peut-être que je dois suivre mon corps ? Le samu arrive. Ils vont m’emmener à l’hopital, non ? Si jamais ils arrivent à… à faire quelque chose. Je peux y retourner, dans mon corps. Non ?
Oui, bon, ils l’ont mis dans la housse. Ça s’est pas bon signe.
En même temps, voiture contre camion, le camion a gagné. Il fallait s’y attendre.
Mais je ne pensais qu’il avait gagné, gagné. Je me disais que c’était encore jouable, avec de la chance. Vous savez, comme dans les séries médicales où ils récupèrent le gars alors qu’il est mort depuis deux minutes et qu’il a vu la lumière.
Peut-être que ces gars sont vachement moins plats, maintenant que j’y pense.
Je ne vais pas revenir, alors ?
Non, ce n’est pas que je ne veux pas vous suivre, c’est juste que… On va où, en fait ? Il va se passer quoi, après ?
Il y a bien un après, n’est-ce pas ?
En tous cas, putain d’orange.
Une orange sanguine trop pressée.
Hum. Je suis sûr qu’il y a un moyen de faire fonctionner cette blague…
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Pour les poubelles et le poulet
Défi d’écriture 30 jours pour écrire, 9 août
Thème : démolition/coyotes et renards
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« Sérieusement… ça fait mal au cœur de voir ça.
— Alors ne regarde pas.
— Mais je ne peux pas ! C’est notre maison qui part ! — C’était.
— Quoi c’était ?
— C’était notre maison.
— Mais…
— Maintenant c’est un chantier d’autoroute. Fais avec.
— On t’a jamais dit que tu n’avais pas de cœur ?
— Parfois, et surtout on ne m’a jamais dit que je manquais de cervelle. Réfléchis, sac à puce. Qu’est-ce qui arrive avec les autoroutes ?
— Des voitures.
— Et avec les voitures, des… ?
— Des… accidents de voitures ?
— Oui, c’est certain que toi et les autres coyotes vous allez devoir faire sacrément gaffe à vos fesses poilues, surtout la nuit. Mais je ne te parle pas de ça. Moi, je te parle d’une aire d’autoroute. D’un relai. D’une cité-dortoir vide toute la journée pendant la migration humaine quotidienne. Et qu’est-ce qui va arriver avec tout ça ?
— Heu… des chats ?
— Oui, si tu veux. Mais surtout…
— Parce que c’est vachement bon, les chats.
— Ça ne vaudra jamais un poulet. Non, ce qui va arriver en masse, ce sont les poubelles !
— Oh.
— De la nourriture à volonté ! Du bœuf ! Du porc ! Du mélange bizarroïde délicieusement salé ! Du chocolat ! Et surtout le summum de la gastronomie humaine : du poulet ! Pense à tous ces os de poulet qui nous seront offert encore plein de chair ! Et les restes de poulet frit ! De sandwich de poulet ! De…
— Vous, les renards, vous aimez bien le poulet, non ?
— On aime le poulet exactement à la mesure de ce qu’il mérite !
— Tu baves.
— Evidemment ! Et tu devrais baver avec moi ! Pense aux poubelles !
— Pour l’instant, je pense surtout qu’ils sont en train de démolir notre maison, et ça me rend triste. Je préfère chasser ma nourriture et rentrer tranquillement dans mon terrier que de devoir esquiver leurs voitures, leurs chiens et leurs fusils, tout ça pour une poubelle au poulet.
— Tu n’as pas le goût du challenge. Peut-être que parce que les coyotes sont nuls quand il s’agit d’ouvrir une poubelle un peu sophistiquée.
— Alors tu devrais peut-être en parler à quelqu’un qui te comprend, comme un raton-laveur.
— Et pourquoi pas, ils font des merveilles avec leurs petites pattes… hé, reviens ! Ne sois pas vexé, je ne vais pas te remplacer par un raton-laveur ! Je voulais juste te remonter le moral !
— Franchement, pour quelqu’un qui se vante d’être tellement intelligent, il y a des fois où tu es juste vraiment con. »
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